Ce n'est qu'un au revoir...

Christiane à 80 printemps nous quitte pour de nouvelles aventures dans le département voisin de l'Ain, à Culoz. Alors petit historique sur 30 ans d'amitié...

Arrivée au club remarquée avec son vélo bleu bien lourd. Une tige de garde boue qui bat la mesure et qui ne demande qu’à s’accrocher quelque part, un câble de dérailleur qui casse… rien ne l’inquiète. Le vélo bleu semble sorti tout droit du fond d’un grenier. Il ne connaît pas l’entretien mais…. Il roule. Nous pestons quand une chambre à air, pleine de rustine, rend l’âme car il faut mettre les doigts dans le cambouis pour remettre Christiane en selle.

Nous nous rendons vite compte qu’il est difficile de semer le vélo bleu ! Ce vélo, hors du temps, nous accompagnera même sur une flèche vélocio et ne faiblira pas sur les 370 km qui lui ont permis de rallier Martigues en moins de 24h. Le gémissement d’une antique dynamo nous tiendra en éveil toute la nuit, à chaque coup de pédale !

La cyclotte est aussi rustique que son vélo. Elle ne connaît pas les barres ni les boissons énergétiques. Quelques spaghettis enveloppés dans du papier alu seront son seul carburant pour cette fameuse flèche vélocio. Elle ne connaît pas les vêtements techniques qui protègent du vent, de la pluie et qui sèchent vite. Christiane, nous n’oublierons jamais ta cape rouge qui se gonfle comme une baudruche dans le vent et que tu retiens avec un sandow passé autour de la taille. Quelques fois, des sacs poubelle suffisent pour envelopper les pieds ou même la cycliste.

Contrairement à nous tous, Christiane n’a pas besoin d’entraînement. Elle peut très bien débuter la saison par un voyage à vélo itinérant de plusieurs jours avec dénivelés importants. Elle aura du mal à suivre mais elle suivra toujours car sa grande crainte c’est de nous perdre. Christiane n’a ni carte, ni boussole, ni GPS et ne sait jamais où elle se trouve alors… elle suit.

Christiane finira par céder à nos nombreuses remarques et s’équipera d’un vélo carbone. Le vélo bleu finira sa carrière comme épouvantail sur un parterre de fleurs.

Les habitudes prises avec le vélo bleu seront difficiles à perdre et chacun d’entre nous s’évertue à lui dire « change de pignons », « passe le petit plateau ». Rien n’y fait et Christiane continue à appuyer comme une bête sur ses pédales. Il faut dire qu’elle a peur de dérailler mais aussi de casser ses manettes !

Alors, plus personne ne lui fait de remarques sauf les nouveaux arrivés au club qui découvrent avec étonnement sa manière de pédaler. Il faut dire aussi que si nous craignons le mal de mer, il vaut mieux rouler devant Christiane que derrière elle car cela tangue fort même s’il n’y a pas de vent ! Christiane adore aussi rouler à gauche et peut s’arrêter au milieu de la route. Peu importe, elle fait confiance aux automobilistes pour l’éviter et il n’y a que nous que cela inquiète.

Ne croyez pas que Christiane va choisir le parcours plus facile. Rien ne l’arrête : ni les conditions météo, ni le dénivelé. Sa ténacité, hors norme, lui permet de ne jamais renoncer. Si elle pose pied à terre dans une montée, elle va courir avec son vélo et elle arrivera en haut de la côte en même temps que les autres ou même avant les autres.

Il faut dire qu’elle ne met pas de chaussures à cales et d’ailleurs, si vous voulez transformer Christiane en gazelle, il suffit de lui mettre une paire de basket aux pieds.

Christiane : tu nous épateras toujours ! Tu es sans doute la plus sportive d’entre nous tous. Un grand bravo !